Chaque année, l’Assurance Maladie prend en charge plus de 120 000 accidents du travail consécutifs à des chutes de plain-pied ou des chutes de hauteur. Localement, les Carsat régionales, organismes rattachés au régime général de la Sécurité Sociale, émettent des recommandations pour réduire le coût humain et économique de ce risque professionnel auquel les entrepôts logistiques, et le secteur TRM (transport routier de marchandises), sont particulièrement exposés.
Dans un rapport publié en mars 2022, l’Assurance Maladie comptabilisait 126 000 accidents du travail par an directement imputables « à une chute », un chiffre qu’elle estimait « stable depuis cinq ans ». En volume, ces faits représentent le deuxième taux de sinistralité en entreprise, après les risques liés aux « manutentions manuelles ».
Leur coût est d’abord humain : à seul titre d’exemple, 95 décès avaient été dénombrés en 2019, dont les deux-tiers avaient pour origine une « chute de hauteur ». Ceux qui en sortent indemnes – les plus nombreux, fort heureusement – subissent aussi de lourds dommages physiques et présentent, globalement, les séquelles les plus graves (selon l’Assurance Maladie, 29 % des incapacités permanentes prononcées sont consécutives à une chute, contre 10 % pour les autres types d’accidents survenus en milieu professionnel).
Une cale de roue pour éviter certaines chutes de hauteur
L’impact est aussi économique : 1,1 milliard d’euros d’indemnisations sont versés chaque année aux victimes et 6 millions de journées d’arrêt de travail prescrites par les professionnels de santé.
Loin de se limiter au secteur du BTP, auquel il est à juste titre fréquemment associé, le risque de chutes de hauteur frappe un grand nombre d’activités. Le phénomène est sensible notamment dans les métiers du transport et de la logistique : en entrepôt, les opérations de transbordement restent, pour les caristes, des situations à danger potentiel lorsque le véhicule qu’ils chargent et/ou déchargent n’est pas immobilisé par une cale de camion.
Pour Stéphane Florence, intervenant au sein de la Carsat du Sud-Est, ce cas de figure, particulièrement accidentogène, doit faire l’objet d’une vigilance particulière et donner lieu à la mise en place de mesures de sécurité préventives (source : webinar du 21 janvier 2021 du service prévention de la Carsat du Sud-Est) : il est en effet fréquent que le départ volontaire du transporteur, ou le glissement de sa remorque « sous l’effet de l’inertie, du poids ou du mouvement du chariot manœuvrant à l’intérieur » précipitent dans le vide les personnels qui effectuent des allers-retours entre le quai et le camion.
Près de 8 000 accidents du travail dans les métiers de la logistique
Stéphane Florence ajoute que, dans le secteur du transport routier de marchandises), 9 accidents du travail sur dix ont lieu lorsque « le véhicule est à l’arrêt » : « ce n’est plus sur le trajet que le risque est le plus important, mais dans les tâches annexes à la conduite, comme le déchargement ou le chargement des cargaisons ». Selon les données recueillies par l’organisme régional, près du quart des accidents qui surviennent en France lors de ces opérations, est consécutif à des « chutes de hauteur » et plus de 5% de la masse salariale des TPE sont consacrés « au paiement des cotisations accidents du travail et maladies professionnelles destinées à indemniser les victimes » : un taux supérieur à celui du BTP et de tous les autres secteurs d’activité.
Dans les métiers de la logistique (entreposage et stockage frigorifique ou non), près de 8 000 accidents du travail surviennent chaque année, entraînant plus de 500 000 jours d’incapacité temporaires.